22/10/2017

[Live Report] Buy Jupiter + NonSense + Titans Fall Harder (Warmaudio - Décines)

C'était le feu au Warmaudio lors de cette soirée et on a tout simplement passé un putain de moment en compagnie de Buy Jupiter qui montait sur scène pour fêter la sortie de son second EP Crossworlds (voir chronique), le nouvel épisode de sa trilogie épique, suite directe du premier recueil Departure (voir chronique) sorti l'année précédente.

Une soirée où les lyonnais ont fait appel aux grenoblois de Titans Fall Harder pour ouvrir le bal et aux locaux de Nonsense pour préparer le terrain avant de jouer l'intégralité des deux EPs cités plus haut, dans l'ordre, pour un set de pratiquement une heure devant un Warmaudio bien plein. Un challenge qui s'avérait être un véritable cadeau pour le public présent ce soir-là : c'était en effet l'occasion pour certains de découvrir le groupe et ses premières compositions mais aussi, pour les autres, la possibilité d'écouter l'intégralité de la discographie de Buy Jupiter (ou presque) en live.

Titans Fall Harder © Lukas Guidet
Les grenoblois de Titans Fall Harder étaient donc les premiers à monter sur scène. Comme très (trop ?) souvent au Warmaudio, il y avait des retardataires : lieu trop éloigné du centre ville et difficile d'accès par les transports en commun ? Heure du dîner ? Pas facile de connaître les raisons qui poussent certains à n'arriver qu'après la première partie. Tout ça pour dire que le Warmaudio était loin d'être plein lorsque la jeune bande est montée sur les planches, mais on a connu bien pire il faut le souligner, heureusement pour eux ! Sur scène, Titans Fall Harder dégaine un gros son renforcé à l'Electro : ça joue fort, la basse à cinq cordes est de sortie et la double-pédale est souvent exploitée. On évolue dans un genre hybride avec un chant Deathcore où la voix claire est anecdotique (quelques rares passages sur la fin de "Ignite The Core" ou "The Omniscient" par-exemple) et de gros riffs lourds avec souvent des cordes à vide, marque de fabrique de certains groupes de Djent "génériques" dira-t-on, et des arrangements électroniques justifiant allègrement l'emploi du terme "Electronicore" dans un cas comme celui-ci. Bref, Titans Fall Harder est comme son nom l'indique un groupe qui se veut massif et balance une musique comme un combattant chétif en ferait des tonnes pour s'imposer. Malgré tout, ça tient la route et envoie parfois du lourd qui n'est pas dénué d'émotions. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, il faut reconnaître des qualités au quintet : toutes les parties électroniques sont jouées sur scène au clavier et les arrangements balancés manuellement, les trois larrons au premier plan occupant quant à eux très bien l'espace scénique et offrant un spectacle que beaucoup d'autres groupes ne prennent même pas la peine d'oser. Le tout est plutôt carré et bien exécuté et chacun des musiciens prend un plaisir certain à jouer de son instrument.


Malgré un public encore clairsemé, la température est nettement montée dans le Warmaudio et le set (plutôt long pour une première partie) s'achève sous les applaudissements. Même si le genre musical est loin de faire l'unanimité, Titans Fall Harder a clairement fait le taff en présentant ses qualités et a démontré ce soir-là qu'il y en avait sous le capot au sein de ce jeune groupe.
Note personnelle : Le début du set (les trois premiers morceaux) a clairement eu plus d'impact que le reste de la setlist dans mes oreilles, certains morceaux présentant peut-être trop d'arrangements au synthé, ce qui leur donne un aspect symphonique peut-être pas toujours justifié (même si cela fonctionne parfois assez bien sur un titre comme "Extinction Level Event").

Nonsense © Lukas Guidet
Le temps de l'entracte pour laisser les lyonnais de Nonsense s'installer et on est reparti pour une nouvelle décharge sonore. Cette fois, pas de clavier sur scène mais une guitare supplémentaire. Le combo a beau être composé de membres relativement jeunes, ils ne le sont plus tant que ça pour le milieu si on considère l'âge moyen des musiciens fleurissant ça et là, Titans Fall Harder faisant office de bon exemple. Il faut dire qu'en ce qui concerne la maîtrise instrumentale, Nonsense ne fait pas dans le posing et ses membres sont loin d'être des débutants juvéniles : il y a un solide niveau derrière chaque manche, mais aussi derrière les fûts où officie désormais Max, la pièce rapportée du groupe. On soulignera d'ailleurs sa prestation très remarquée - le gaillard est aussi batteur pour les groupes Apply For A Shore et BlackBirds - qui aura témoigné de la masse de boulot abattue pour celui qui a rejoint les rangs de Nonsense il y a environ six mois seulement. Ce dernier a montré lors de cette soirée une qualité d'exécution et un niveau qui sont impressionnants. Mais revenons à ce qui nous intéresse : la musique. Avec Nonsense, on change radicalement de paysage musical et le Deathcore/Djent bien fat de Titans Fall Harder semble déjà très loin. C'est davantage dans le Métal progressif que les lyonnais puisent leur force dont les influences sont extrêmement nombreuses. Difficile de rapprocher le groupe d'un autre plus connu pour illustrer le propos. Et tant mieux, finalement, car cela témoigne d'une forme de singularité de la part de Nonsense qui arrive à tirer son épingle du jeu dans un genre ayant le vent en poupe depuis pas mal d'années. Qu'il s'agisse de groupes de Djent ou Métal progressif de type Periphery, Textures ou même Tesseract pour les passages plus planants et au chant clair, la bande lyonnaise fricote parfois avec le Trash Métal ou le Métalcore, osant du solo où les deux guitares ont chacune une partie, que ce soit au tapping ou en mode "shred de compèt". Le tout est millimétré et parfaitement exécuté, les mecs arborant une banane jusqu'aux oreilles pour témoigner de leur plaisir à jouer leurs compos devant un public désormais bien plus dense dans le Warmaudio.


Il n'y a pas grand chose à dire concernant la performance de Nonsense, si ce n'est que la musique du groupe passe véritablement bien sur scène malgré des musiciens beaucoup plus statiques que lors de la précédente partie.
Note personnelle : Nonsense a véritablement été une révélation scénique et musicale pour moi lors de cette soirée, les quelques morceaux ou clips écoutés/visionnés avant le concert n'ayant que trop peu retenu mon attention. Désormais, force est d'admettre que Nonsense s'avère être un solide représentant du Métal progressif lyonnais et même français, capable de rivaliser avec des groupes de renommée mondiale. Ce n'est finalement pas un hasard si le combo s'est vu jouer au Sylak en 2016 ou a pu faire la première partie de groupes comme Textures ou Uneven Structure.

Buy Jupiter © Lukas Guidet
On ne va pas se mentir : on était quand même surtout venus à cette soirée pour (re)voir Buy Jupiter sur scène. Et accessoirement fêter avec eux la sortie de leur très bon nouvel EP Crossworlds. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on n'a tout simplement pas été déçu du spectacle.

Les gaillards n'ont vraiment pas traîné pour monter sur scène après Nonsense, tant et si bien que ceux qui étaient partis se fumer une clope dehors ou boire un coup à la fraîcheur du soir pendant l'entracte se sont fait surprendre par le lancement du set. Cette fois, le Warmaudio est véritablement plein et tout le monde est chauffé et gonflé à bloc pour faire la fête, témoigner son amour pour le Rock et montrer aux locaux qu'on a aimé écouter leurs productions, que ce soit sur Youtube ou BandCamp (où les deux EPs sont en téléchargement libre). Le set s'ouvre comme convenu sur l'intro du premier EP Departure en enchaînant sur le redoutable "Goodbye Jupiter" qui lance véritablement le show. S'en suit un véritable bordel dans la fosse sur l'imposant riff d'introduction de ce morceau qui résume à lui seul toute l'aventure épique racontée au fil des textes : les joviens quittent Jupiter, contraints et forcés, et la colère qui transparaît à travers la voix monstrueuses de Py prend soudainement forme sous nos yeux, sur cette petite scène du Warmaudio. Les titres s'enchaînent avec très peu de temps morts, ces courtes pauses permettant à peine au hurleur de reprendre son souffle. Niveau instruments, tout est parfaitement exécuté, Manu se chargeant de jouer chaque ligne solo avec justesse pendant que Vinz, davantage occupé à jouer les riffs principaux, s'autorise quelques regards amusés sur la fosse qui s'en donne à cœur joie. Les gars sont tout simplement heureux d'avoir pu organiser cette soirée et de jouer toutes les compos sur scène dans le même set et ça se voit ! Toutes leurs compos ? Pas vraiment. Car plus de cinquante minute de set, c'est long, voire très long quand on hurle comme le fait Py. Voilà pourquoi il n'y aura pas de rappel à la fin et que "Rise" ne sera pas jouée. Pas grave : tout le reste était largement suffisant.


Et ça enchaîne. Y a pas à dire : c'est la putain de calotte et on en redemanderait presque tant c'est un délire de voir évoluer les bonhommes sur cette petite scène, à quelques centimètres de nous. Comme ça doit leur faire bizarre, à eux qui cet été encore ont eu l'occasion de jouer sur la grande scène du Sylak ! Martin, dernier arrivé au sein du groupe, fait le taff comme il faut pendant que Lucas - qui manquera d'ailleurs un break, sans nul doute déconcentré par Py venant reprendre son souffle devant ses fûts - s'affère à marteler sa double-pédale et torturer ses cymbales avec précision. "Drift" et "Uprising" s'enchaînent comme deux épreuves de biathlon : plus de treize minutes de sport intensif avant une pause bien méritée pour Py avec "Monolith" qui permettra au bonhomme de prendre une pause en quittant la scène pour laisser le champ libre à ses compagnons musiciens. Tout le gratin de la scène lyonnaise (ou presque) était présent ce soir-là et c'est après un "New Era" exprimant toutes ses qualités en Live et faisant l'unanimité que le set se termine sur un "Collide" où l'on verra le public porter le frontman de Buy Jupiter en slam et s'écarter pour permettre à ce dernier et ses compères de chez Dead Kiwis d'entamer une étrange danse de "sans chaise à quatre", comique et tout à fait dans le ton de la soirée. Buy Jupiter est définitivement un groupe à voir en live, faisant passer l'épreuve de la scène comme une simple formalité en plus d'en faire une expérience à la fois festive et ludique. Du solide !

En bref, c'était tout simplement top et les cinquante minutes ont défilé à une vitesse folle. Un public réceptif et jovial, des musiciens de qualité et heureux d'être sur scène, c'est un peu tout ce qu'on demande à un bon concert de Métal.

Un grand bravo aux groupes pour leurs prestations lors de cette soirée : y avait vraiment rien à jeter. Remerciements à Lukas Guidet pour ses photos que vous pouvez découvrir sur son site personnel et professionnel avec toutes les autres prises par ses soins lors de cette release party. Un grand merci aussi à la team du Warmaudio pour son accueil toujours aussi sympa, à Bastien du Rock à Kiki pour ses anecdotes et sa charmante compagnie (et ses cadeaux), ainsi qu'à Lucas pour l'hébergement du soir et les personnes croisées et rencontrées lors de cette soirée. C'était parfait.

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