10/02/2017

[Live Report] Dodge This + Stupid Karate (Le Trokson - Lyon)

Soirée rigolade que celle de ce vendredi 27 janvier 2017 au Trokson. Rien de bien fou mais une affiche 100% Punk/Hardcore/Rock organisée par David et Decibels For Us qui ne pouvait que se dérouler dans la bonne humeur. Et comme toute soirée de cet acabit au Trokson, il est question de prix libre : aucune excuse, donc, pour ne pas aller y jeter une oreille et participer aux festivités en buvant une bonne bière.

Au menu, les lyonnais de Dodge This et les lillois de Stupid Karate. Deux groupes pour deux identités sonores bien distinctes mais un amour certain pour le Punk Rock. Chacune des deux formations a ses influences mais il faut reconnaître que l'état d'esprit est plus ou moins le même, une option "humour débridé" en plus en ce qui concerne Stupid Karate.

On va essayer de la faire courte puisqu'il semble que ce soit le credo de ces deux bandes-là, la durée de leurs compos excédant rarement les deux minutes. Car il faut bien avouer qu'il n'était pas question ici de faire un marathon sur scène et proposer des morceaux à rallonge. Non, avec Dodge This et Stupid Karate, ça frappe fort et vite, même si le premier groupe cité ne rechigne pas sur quelques phases beatdown. Sur scène, forcément, ça enchaîne !

Dodge This était ce soir-là en terrain conquis : les lyonnais avaient convié tous leurs potes afin de blinder la cave du Trokson où le public s'est retrouvé complètement confiné pour laisser la place aux plus énervés désirant effectuer quelques pas de danse sur les mosh parts, devant la "scène". Une ambiance chaude comme la braise et les premières effluves de sueur n'ont pas mis beaucoup de temps avant de se faire sentir.


Dodge This étant composé de membres originaires d'autres formations, on est face à un super-groupe qui a su rapidement s'entourer d'une bande d'aficionados, ce qui explique sans doute le nombre impressionnant de personnes venues s'amasser dans la cave du Trokson ce soir-là. Avec un premier EP sorti courant juillet 2016 et en écoute intégrale ainsi qu'en téléchargement libre via BandCamp, il n'est pas difficile de se mettre au parfum : les influences sont nombreuses, bien souvent oldschool et ce premier effort baptisé Wolf Throat profite d'une production de qualité puisque c'est Florent Salfati de chez Homeless Records (et frontman de Landmvrks) qui s'est chargé de l'enregistrement, du mix et du mastering. Alors, forcément, tout est propre, la basse est audible et la batterie sonne comme il faut. En Live, Dodge This joue avec passion et même si la bande n'a pas grand chose à prouver devant ses potes en un lieu aussi petit que cette cave, on suppose qu'il serait assez facile pour le groupe de retourner une salle aux plus grandes dimensions. Les morceaux s'enchaînent et comme ça joue rarement plus de deux minutes d'affilée, la bande en profite pour présenter un bon paquet de nouveaux titres. Le public - la "bande de macaques", comme aime si bien le dire le groupe - est ravi et en prend plein les oreilles. Un bon petit show de Punk Hardcore comme on les aime même si, pour le coup, la cave de Trokson semblait bien trop petite ce soir-là !

Dodge This au Trokson en 2015 © Têtes de Blins

La cave s'est vidée et on a enfin pu respirer un coup. Les lillois de Stupid Karate n'ont pas attendu longtemps pour se mettre en place. L'ambiance est décontractée et on sent très rapidement que ces gars-là font de la musique pour s'amuser. Stupid Karate, c'est l'exemple typique du groupe qui peut traverser la France pour un show de quinze minutes et se ruiner par la même occasion. Car ce n'est sans doute pas en faisant du fastcore qu'on rentabilise un show à prix libre si on prend en compte le péage et l'essence. Qu'à cela ne tienne, c'est la passion qui anime ces gars-là... mais aussi la déconne, une tournée servant de bon prétexte pour une bonne marrade entre potes.

Avec un EP éponyme sorti en fin d'année 2016 et en écoute intégrale sur BandCamp et sur Youtube, Stupid Karate a surtout réussi à donner une identité à sa musique en pondant successivement trois clips montés à base d'images tout droit sorties d'une époque aujourd'hui révolue : les années 1980 et 1990 et leurs films d'actions - notamment de karaté - ainsi que le cinéma gore et de série Z. Tant de références nanardesques mais ô combien jouissives et témoignant d'une période de nos vies dont on aime rigoler mais qu'on a tous aimé traverser (en tout cas pour les plus vieux d'entre nous). Alors ça déconne avant d'attaquer le set, ça n'hésite pas non plus à se balancer des petits regards coquins et complices à la manière de bonnes private jokes, preuve que les mecs se poilent réellement en jouant leur musique et en racontant des conneries telles que "les enfants ça pue la pisse" ou encore "la drogue, ça rend invincible" ou en nous invitant à "sortir nos bites pour Harambe". Un peu de politique, donc, mais pas trop. Les coquins font les malins mais lorsqu'on a que douze minutes de musique en boîte, on se retrouve bien rapidement à court d'arguments pour défendre sa place sur la scène. Qu'à cela ne tienne, le quatuor ne se laisse pas démonter et propose - avec un grand sourire - de rejouer trois morceaux, dont les déjà (presque) cultes "Série Noire" et "Smells Like Piss Spirit". Bien évidemment, Stupid Karate n'a pas la prétention de vouloir réinventer le Punk Hardcore mais il faut au moins reconnaître une chose aux lillois : ces mecs-là ont la banane et communiquent clairement leur bonne humeur (et leur connerie) au public qui vient se frotter à leur musique. C'est fun et singulier et on espère vraiment que le groupe va continuer de pondre son amour pour la gaudriole musicale pour envisager tenir des sets de plus de vingt minutes - voire trente, si on est optimiste - à l'avenir. Parce que ça serait encore plus plaisant !

Les joyeux trublions de Stupid Karate lors d'un concert à Nantes © Alain Richard

Pas le temps de beaucoup transpirer ce soir-là mais c'était une fois de plus bien sympa de venir écouter un peu de poésie punkisante dans cette cave du Trokson. Une fois encore, merci aux groupes, bravo et merci à David et Decibels For Us pour l'organisation de cette soirée qui n'était qu'un amuse-bouche avant la release party de l'EP des Dead Kiwis le lendemain, en ce même lieu.

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